Si vous souhaitez simplement écouter au lieu de lire :
"Depuis des années sans tabac, la course à pied a pris la place d’un excitant dévastateur.
Cinquante kilomètres par semaine ont remplacé, quarante cigarettes par jour"
Dom Cado
Alors docteur ? cela se soigne ?
J’ai lu l’autre jour qu’il y avait des addictions positives et des addictions négatives. L’alcoolisme ou la toxicomanie sont des addictions négatives, destructives.
Il parait que la course à pied est une addiction positive ! Surement, pour la grande majorité des débutants, des moins habitués et de ceux qui arrivent à s’en passer.
Mais il y a des coureurs à pied, drogués ou ivres de kilomètres. Si vous leur posez la question sur leur dépendance, ils avoueront une "petite" fabrication d’endorphines qui leurs donnent du bien-être, mais ils iront rarement plus loin dans la franchise.
Ces hémérodromes (un hémérodrome était un individu entraîné pour couvrir de grandes distances à pied dans la Grèce antique), pour qui la course à pied est devenue un tyran intransigeant imposant ses lois sous le couvert de bien être.
Alors pourquoi certains sont "addic" et d’autres pas ?
Mon expérience personnelle me fait penser que le kilomètre appelle le kilomètre pour en arriver au bien-être, (l’envie n’est pas là, mais le besoin si) comme un médicament dont on augmente les doses pour qu’il fasse son effet.
Je suis de l’avis du Dr Dan Véléa (psychiatre au centre médical de Marmottan, à Paris) qui pense que la répétition des entraînements, l’accoutumance du corps en mouvement, la ritualisation du geste peuvent prendre une dimension compulsive, voire une addiction au geste. L’objectif devenant de remplir un vide.
Alors, au fil des semaines et des mois le kilométrage s’allonge, les doses augmentent pour éviter une nervosité, une agitation, une anxiété voire une culpabilité si la privation de bitume se présente, jusqu’à ne plus sentir la douleur, comme des enfants tellement pris par leur jeu que le monde pourrait s’écrouler autour d’eux, ils ne s’en rendraient même pas compte.
Est-ce lié au phénomène chimique qui se déclenche en nous lorsque l’on enchaîne les foulées ? il est vrai que L’endurance amène le cerveau à produire de la dopamine, (une hormone qui stimule la zone de récompense) de la sérotonine (qui contribue à la sensation de bien-être) et surtout des endorphines qui ont des propriétés antidouleurs et antistress, qui durent et qui durent…… jusqu'à la prochaine fois.
Alors dépendance ou pas dépendance ?
La dépendance on s’en rend compte à la moindre blessure qui oblige à nous arrêter (quand on s’arrête) pour quelques jours et qui peut nous mettre dans un état (osons) de détresse psychologique.
Le même phénomène se rencontre quand on sort d’une préparation et d’une course longue et que le vide est devant. Pourtant il faut récupérer, en attendant la prochaine préparation de la prochaine course.
La course à pied psy aujourd’hui ou curé d’hier ?
La course d’endurance (pratique très intransigeante parce qu’il n’est pas naturel pour l’homme de courir lentement) ne peut pas se pratiquer d’une façon intermittente, occasionnel. Les entraînements deviennent réguliers et nombreux et on organise sa vie personnelle en fonction des exercices.
Si l’entourage familial "supporte" sur le long terme les pâtes et les repâtes, les sorties du samedi soir remises parce que le lendemain une sortie longue est prévue tout va bien dans le meilleur de "notre monde". Mais la course à pied doit-elle devenir notre famille ?
Cependant, gardons quand même le sourire. Il y a aussi beaucoup de positif. Le fait d’avoir retrouvé la ligne, d’avoir remis les compteurs sanguins dans le vert, de se sentir moins stressé, de préférer les escaliers aux ascenseurs, de renforcer sa capacité cardiaque et pulmonaire, de sentir son corps fonctionner, de courir plus vite que son fils ou ses gendres, de se sentir le roi, au moins, de notre monde, que la douleur n’est plus une douleur …… tout cela ne s’apparente-t-il pas au plaisir ?
Alors à chacun de trouver le dosage personnel et le dosage supportable pour l’environnement familial.
Une grosse pensée pour l’environnement familial.
Merci à eux, qui, au départ d’une course, dans la fraîcheur d’un dimanche matin, où l’on finit de se préparer au coffre ouvert de la voiture, déjà dans notre bulle, où on ne voit plus la conjointe ou le conjoint bien emmitouflé avec les enfants qui se disent qu’ils seraient mieux dans leur lit à faire la grasse matinée et qui vont dans les heures qui viennent, faire des allers et retours à un endroit que l’on a estimé stratégique pour qu’ils puissent nous voir, plutôt nous entrapercevoir, souvent pour nous donner LE ravitaillement indispensable ou récupérer le coupe vent qui devient encombrant tout cela vaut bien quelques kilomètres de mercis………
"Après ! Ce n’est que mon avis !"