N’est-t-on pas mieux servi que part soi-même ? J’en suis persuadé. Cependant oublier ceux qui vont participé à la réussite du livre, indispensable à tous les amoureux de la course à pied, serait une omission impardonnable de la part d’hommes de partage comme nous pouvons...
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Le Marathon de Nantes de Françoise

 

Marathon de Nantes 2014

 

"Un vent à décorner les bœufs"

Expression d’antan utilisée dans nos campagnes quand nos aïeux attendaient les jours de grand vent pour couper les cornes des bovins. Cela pour éviter les infections, parce que les jours de grand vent les mouches ne volent pas……

 

 

     Dimanche 27 avril, 9 heures sur les marches de la cathédrale de Nantes à quinze minutes du départ du Marathon, endroit très recherché pour se protéger d’un énième grain et qui nous promet une course …… osons ……  "Dantesque".

     Depuis une semaine je surveille la météo en espérant tous les jours que dimanche sera un autre jour. Et bien non. La pluie, le vent en bourrasque avec des pointes à cinquante kilomètres heure, une température que l’on va qualifier de fraîche ne semble pas annoncer une "pluie" de record. Un regard autour de moi montre quand même beaucoup de sourires des trois mille et quelques participants Nantais d'un jour.

     Aujourd’hui, objectif 3h 59’ 59 pour Françoise. Son premier Marathon. Nous sommes au bout des 12 semaines de préparation, critiquable certainement par les puristes, mais qui commence à faire ses preuves sur différentes personnes. Trois entrainements par semaine :

     Le mardi : 7 x 1000 à une allure de 5’ 05 au kilo et un 8éme 1000 où on « lâche les chevaux ». Si les sensations sont là ………… c’est que la forme est là.

     Le jeudi : Après 20’ d’échauffement 1 heure d’allure Marathon (et au fil des semaines jusqu’à 1h 30’).

     Le dimanche : 2h d’ENDURANCE (jusqu’à 2h 30’). Ce qui représente sur la semaine entre 5 et 6 heures d’entraînement.

Préparation de champion ? Non.

Préparation de personnes qui travaillent ? Oui.

Préparation de personnes qui ont une vie familiale ? Oui.

Les douze semaines sont identiques, le repos intervient, quand pour une raison "X" on n’est obligé d’annuler une séance.

La séance d’endurance restant elle, incontournable.

 

     9h O5’, on se rapproche du départ en cherchant une place au cœur des coureurs  pour éviter les rafales de vent. Nous sommes trois. Françoise décontractée au possible, très zen, satisfaite du travail effectué. Surement quelques pulsations cardiaques en plus, le contraire serait étonnant.

     Yannick accompagnateur de la dernière heure, motivé comme jamais, avec comme challenge (qui va me coûter une bouteille de champagne) faire le Marathon de Nantes à notre allure (10,600km/h de moy) Je ne le crois pas capable, lui qui a comme allure d’endurance 12km/h. Ses objectifs ? Le tour du golfe du Morbihan au mois de juin (Ultra-Marin 176km) et en 2015, pour sa troisième participation Le Marathon des Sables. C’est un sacré challenge pour lui de faire le Marathon de Nantes à cette allure et il va comprendre très vite, à partir du quinzième kilomètres que de travailler musculairement à une allure qui n’est pas habituelle devient très vite douloureux à la mémoire des jambes.

     Une « rumeur » nous arrive aux oreilles, le départ vient d’être donné, nous nous approchons en marchant de la ligne des « bips » où les uns et bien d’autres se sont débarrassés de leur sac « poubelle parapluie » sur place,  sans tenir compte qu’ils deviennent un risque de chute pour les concurrents qui suivent.

 

     Le chrono est en route et c’est parti pour 42,195 km, ne jamais oublier les 195 mètres ne serait-ce que pour ne pas oublier de les savourer quand ils vont arriver. La moyenne prévue est de 5’ 40 au kilomètre. Nous partons à 5 ’50 sur les dix premiers. Faire le choix de « perdre » 10 secondes au km pour obliger les matières graisse à faire leur boulot sans trop taper dans le glycogène est une sage décision. (J’ai du mal à comprendre les coureurs qui n’obtiennent pas les résultats escomptés dire à l’arrivée : « Pourtant j’avais les jambes ………… au départ » ………… l’objectif restant d’en avoir à l’arrivée).

     A partir du dixième kilomètre légère accélération pour commencer à « récupérer » les 100 secondes perdues. Françoise va bien et moi je suis en  train de perdre ma bouteille de champagne, Yannick est toujours là. Nous formons un mur pour protéger au mieux les « 40 kilos de mon élève » des rafales de vent. Boire, important de boire et au mieux boire bouche pleine toutes les cinq minutes, ce qui veut dire courir avec un camelbak ………… c’est physiologique et aussi important que tout ce que l’on a pu mettre en place auparavant.

     15ème  kilomètre, le rythme de croisière est pris et le semi arrive dans le temps prévu (2h 01’). On oublie la pluie, on oublie presque le vent, on « ramasse » des coureurs "encore bien" et dont la situation au fil des kilomètres risque de ne pas s’arranger. Françoise, tout sourire, encore, la respiration normale, les jambes qui tournent et puis du 32ème au 35ème kilomètres dans une zone vide de spectateurs mais que le vent à décorner les bœufs à choisi pour les remplacer, Françoise et ses « quarante kilos » souffrent. Physiquement mais surtout moralement (cette zone du 30/35 que les Marathoniens connaissent où généralement un des murs se dresse parce que l’on a cru que le glycogène était une denrée inépuisable).

 

      Ce n’est pas le cas de Françoise, mais la protection Dom/Yan n’est plus suffisante et son moral en a pris un coup ………… un gros coup. Le souffle est normal, la vitesse s’est ralentie, mais nous continuons à ramasser. Je parle, j’encourage, je fixe des objectifs kilomètre par kilomètre et nous avançons. Yannick est parti devant pour soulager ses muscles, je vais peut-être pouvoir négocier la bouteille de champagne.

     38, 39, 40ème kilomètre, il ne peut plus rien arriver à Françoise. 41, 42ème et les fameux 195 mètres sur tapis rouge, une particularité Nantaise. Le monde, la foule et le sourire qui réapparait. Elle l’a fait son premier Marathon, ce premier Marathon aux saveurs bien particulières que l’on ne retrouve plus jamais.

     4h 08’ au lieu de 3h 59’ 59 ? C’est le temps perdu par beaucoup de concurrents en fonction de leur objectif. Le combat de Françoise sur elle-même a été rude mais elle a gagné le droit d’aller chercher sa médaille, avant d’en ajouter d’autres à sa collection.

 

J’aperçois Yannick, il a presque tenu son pari, je vais attendre un peu avant de négocier la bouteille de champagne. Je vais lui proposer de la boire ensemble …………

                                               Dom Cado