Les dossards.
24h de Ploeren
Le 24 heures de Ploeren est une course particulière c’est un grand barnum, une fête, dans une très grosse ambiance comme un six jours vélo que des anciens ont pu connaître …. Le tout en gardant l’aspect très sportif de la "chose" et en plus pour une bonne cause puisque il se déroule le week-end du Téléthon, avec tous les bénéfices reversés à AFM.
Il faut imaginer un parcours d’un kilomètre qui commence par une vingtaine de mètres en faux plat montant qui laissera quelques traces au fil des tours, suivi d’un terrain en stabilisé, qui nous amène à un autre faux plat caillouteux et ensuite, la partie la plus longue en enrobé sur une route et un parking qui longe un stade de football. On se retrouve et on se croise entre tous les coureurs dans la partie descendante du faux plat caillouteux pour nous amener au portique de chronométrage avant de pénétrer dans la salle, de la traverser sur toute sa longueur sur une moquette bleue et de retrouver le premier faux plat. Voilà ce qui nous attend dans ces 24 heures.
La salle. A notre droite la scène ou va se passer différentes animations pendant la journée et la soirée. Derrière la scène, derrière un grand rideau noir, les soins avec l’école d’ostéopathie de Rennes, le cabinet du médecin et l’arrière scène ou des lits de camps sont là pour permettre aux coureurs qui le souhaitent de se reposer. Aux pieds de cette scène le ravitaillement avec des supports en bois où chacun va retrouver son numéro de dossard et son gobelet.
Au fil des tours se crée un lien avec les bénévoles qui n’ont qu’une envie nous satisfaire, j’ai le sentiment que l’on aurait pu tout leur demander, entre le jambon purée, les pâtes, la soupe de légumes, les eaux pétillantes, le coca, l’eau jusqu’au café au lait que je me suis fait servir au matin, bizarrement la seule chose que j’étais capable d’avaler, et les croissants chauds pour finir. La seule chose que l’on n’a pas eu besoin de leur demander c’est leur sourire, il était naturel chez toutes ces personnes qui nous ont accompagnées d’un bout à l’autre de ces 24 heures.
A gauche les tables pour les coureurs, une table pour deux où chacun dépose son ravitaillement et les petites « choses » qui vont lui être nécessaires pendant la course. A chacun ses trucs à chacun ses tics pour ne pas dire ses tocs. Je suis entre un Sarthois très organisé, très méticuleux avec sa grand boite en plastique ou tout y est rangé, classé, numéroté et une amie avec sa panoplie de produits Overstims le tout dans son joyeux capharnaüm. Le rangement ou le capharnaüm n’a rien à voir avec le résultat de la course puisqu’ils feront tous les deux un très bon et beau 24 heures. Avant de sortir de la salle, l’écran qui nous permet de voir le classement en direct, même s’il a eu quelques sautes d’humeurs il était facile de connaître notre progression.
La course. Celle des champions d’abord, qui dépasseront largement et allègrement les 200 kilomètres et qui se tirerons la bourre, encore, dans la dernière heure. Félicitations aux deux illustres anonymes V3 qui finissent avec plus de 200 km aux compteurs aux deux et quatrième place.
Ces personnages insolites, ce marcheur qui a fait 3ème sur Paris-Colmar, au physique de déménageur avec qui j’aurai l’occasion de discuter vers la fin, cet ancien candidat de Ko-Lanta chargé dans la 1ère heure et dans la dernière avec d’autres de son équipe de pousser la "Joélette" où un enfant ne pouvait que participer sous la bannière du Téléthon. Sans oublier ce MONSIEUR qui a marché tout le temps encore et encore pour atteindre plus de 120 km.
Félicitations à Yannick qui a régulièrement et à différents moments de la journée et de la nuit fait quelques tours avec moi. A l’arrivée 170 km parcourus sans s’arrêter. La présence de sa femme à l’intendance pendant presque toute la durée de l’épreuve n’est pas pour rien dans son résultat.
Un petit mot pour l’équipe de "potes" qui monte sur le podium à la deuxième place entourée de deux équipes de gendarmes qui n’avaient pas leurs menottes pour les arrêter ce jour là…… ce qui a permis à un des équipiers de l’équipe de vérifier l’état de la partie enrobé du circuit pour la prochaine édition…..
Le temps. Magnifique le temps…… dans la journée, mais la nuit fut froide …. -5° au lever du jour, un moment où il a été difficile de reconnaître les coureurs des rares spectateurs, les polaires étant l’habillement principal. Mais quand le soleil apparait tout le monde retrouvera sa tenue de prédilection.
Bonne idée des organisateurs de faire terminer tous les coureurs ensemble, les 12 heures qui nous ont rejoints à minuit et les six heures quand il ne faisait pas encore jour et nous avons tous pénétrées ensemble dans la salle sous les applaudissements à 24h et 2 minutes. Il y avait quelques yeux brillants et humides.
Après ? À chacun sa VO2, à chacun sa course, à chacun son estomac. En ce qui me concerne, jusqu’à la douzième heure tout s’est déroulé normalement comme prévu. Mais quand l’estomac reste sur le bord du chemin et que la simple vue d’une goutte d’eau provoque la nausée il est difficile d’imaginer les douze heures restantes au même rythme. Le seul objectif qui m’est venu à l’esprit à ce moment là, c’est que le 100 km restait la seule chose raisonnable à envisager. Pourtant les jambes étaient là, les pieds sans une ampoule, la tête était aussi bien présente. Pour l'anecdote 3kg en moins sur la balance ......
Et cette phrase d’Alexis qui me revient quand un grain de sable vient se nicher dans la progression : "Faire le temps ou le kilométrage que l’on est capable de faire ce jour là".
Dommage pour le résultat ? Oui. Déçu ? Non. C’est la troisième fois de suite que cela m’arrive sur du long. Cet estomac qui lâche après un certain nombre d’heures de course. J’ai essayé et changé des choses mais rien n’y fait. Le long n’est, peut-être, plus fait pour moi. Il faut,peut-être, se faire une raison. Mais il y a encore pleins de choses à faire au moins jusqu’à la distance du Marathon…..
Le dernier tour avec deux de mes petits enfants a été un bon moment et de voir ma femme sur le bord de la route une belle émotion.