N’est-t-on pas mieux servi que part soi-même ? J’en suis persuadé. Cependant oublier ceux qui vont participé à la réussite du livre, indispensable à tous les amoureux de la course à pied, serait une omission impardonnable de la part d’hommes de partage comme nous pouvons...
dom.cado@laposte.net
56 000 Vannes
Tél : 07 86 11 18 61
Contact email
jeudi 21 novembre 2024

Vannes 0°C

pluie et neige

Vent 45 km/h Humidité 98 %

Chaussures ou pas

 

Dessin de Sébastien Lamart : http://sebastien-lamart.blogspot.fr/

   

 

"Toute grande cause démarre comme un mouvement, devient un business et dégénère en racket"

  Éric Hoffer

 

 

Voilà un travail de recherche qui pose question.

 

"Beaucoup de blessures du pied et du genou sont dues aux chaussures qui affaiblissent nos pieds et amènent à une hyperpronation. Jusqu’en 1972 les gens couraient avec des modèles aux semelles très fines, ils avaient des pieds forts et beaucoup moins de blessures aux genoux". Cette affirmation vient de Barefoot Ted grand spécialiste de la course aux pieds nus.


 

Le Docteur Lieberman (professeur d’anthropologie physique à Harvard), enfonce le clou à sa manière : "Les humains sont obligés de pratiquer une activité aérobie pour rester en bonne santé et c’est profondément ancré dans l’histoire de notre civilisation. S’il y a un remède miracle pour garder la forme, c’est la course à pied et si les chaussures de course n’existaient pas, il y aurait plus de coureurs ….. S’il y avait plus de coureurs, il y aurait moins de décès dus aux affections cardiaques, aux infarctus du myocarde, à l’hypertension, aux embolies, au diabète et à la plupart des maladies mortelles qui affectent les pays occidentaux….."  Voilà deux affirmations qui ne peuvent pas faire plaisir aux fabricants de chaussures de running, qui poussent d’année en année les recherches technologiques pour que l’on se sente de mieux en mieux avec nos pieds dans leurs chaussures, mais en nous vidant notre portefeuille.  Alors si les chaussures de running ne font pas courir plus vite et n’empêchent pas les blessures pourquoi en acheter ?


 

 

Selon une étude dirigée par Bernard Marti (spécialiste de médecine préventive à l’université de Berne en Suisse) qui a suivi de nombreux coureurs de tous les jours et surtout du dimanche, arrive à la conclusion que le point commun entre les blessures n’est ni la surface d’entraînement, ni la vitesse de course, ni le kilométrage hebdomadaire, ni un problème de poids mais un problème de prix ….., des chaussures. Les coureurs équipés des modèles les plus chers sont exposés deux fois plus au risque d’être blessés. (Comme si : plus nous dépensons, plus nous souffrons. Ce qui amène à une réflexion troublante : plus la chaussure a d’amorti, moins elle protège, ou si vous préférez les meilleures chaussures seraient les chaussures usées).


 

 

"Au fur et à mesure que la chaussure s’use, la stabilité du pied s’améliore à cause d’un ingrédient magique : la peur", comme nous le dit le Docteur Barry Bates (chef du laboratoire de biomécanique et de médecine sportive de l’université de l’Oregon). Il ajoute : "Tout cet amorti n’est d’aucune utilité en ce qui concerne la réduction de l’impact. La contrainte que la course impose à nos jambes peut être douze fois supérieure à notre poids. Il est donc absurde d’imaginer que deux centimètres de gomme vont changer quoi que ce soit ....."

"….. Comme si les jambes et les pieds s’abattaient plus fort quand ils rencontrent une surface molle, comme si le fait de courir avec des chaussures moelleuses obligeait les pieds "à traverser" la semelle pour sentir une surface stable".C’est ce que conclut Christopher McDougall (suite à une expérience à la Running Injury Clinic) après avoir couru sur un capteur de pression, d’abord pieds nus, puis avec des chaussures ultrafines et avec d’autres, pour finir, bien épaisses. En conclusion, il modifiait instinctivement sa pose de pied et attaquait le sol beaucoup plus du talon avec les chaussures les plus amortissantes.


 

 

Le Docteur Hartmann nous fait un schéma détaillé du pied et nous fait découvrir une merveille de technologie : "L’élément central de votre pied, est la voute plantaire, le plus ingénieux dispositif jamais conçu pour supporter du poids. Elle est étayée par un réseau hautement résistant fait de 26 os, 33 articulations, 12 tendons et 18 muscles qui s’allongent et se rétractent tous à la manière d’un pont suspendu répondant à des normes antisismiques"

 Il ajoute : "Enfiler des chaussures, c’est comme se faire plâtrer. Si les chaussures font tout le travail, les tendons perdent de leur élasticité et les muscles fondent. Les pieds sont faits pour résister et se développer sous la contrainte".

A ce jour il reste convaincu que la meilleure prévention des blessures est de courir régulièrement pieds nus dans de l’herbe grasse pour renforcer les muscles et les tendons.


 

 

En conclusion : "Rien ne prouve que les chaussures soient d’une quelconque utilité en terme de prévention des blessures". C’est ce qu’écrit le Dr Craig Richards (de l’université australienne de Newcastle) en 2008 dans le très sérieux British Journal of Sports Medecine en lançant un défi aux fabricants de chaussures :

"Il y en a-t-il un prêt à affirmer que porter ses produits réduit le risque de blessures musculo-squelettiques ? Il y en a-t-il un prêt à affirmer que porter ses produits améliore les performances ? Si vous croyez pouvoir répondre par l’affirmative, où sont les données qui vous permettent de le dire et de le faire ?" A ce jour, il n’a toujours pas obtenu de réponse ……..


 

Sans vouloir me comparer à ces illustres chercheurs, j’ai vécu une expérience qui m'interroge et qui apporte un peu d’eau supplémentaire au moulin des partisans de la course aux pieds nus ou presque nus. J’ai eu l’occasion d’utiliser sur un 10km des chaussures d’une marque aux semelles fines et presque plates, prêtées aux coureurs qui désiraient les testées. Je me souviens avoir été agréablement surpris de leur confort avec le sentiment d’avoir couru pieds nus.   

"Voilà un avis qui va au moins faire plaisir à mon ostéopathe et à Sandra Sineux"

 

Source :  "Born to Run" de Christopher McDougall éditions Guérin.