N’est-t-on pas mieux servi que part soi-même ? J’en suis persuadé. Cependant oublier ceux qui vont participé à la réussite du livre, indispensable à tous les amoureux de la course à pied, serait une omission impardonnable de la part d’hommes de partage comme nous pouvons...
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jeudi 21 novembre 2024

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La Ronde des Douaniers

 

Ecouter au lieu de lire ce n'est pas mal aussi : 

 

 

"On n’a rien compris à la course à pied, si on imagine que la sagesse est la qualité première du mâle qui court. Mais peut-être que sans une dose d’absurdité le plaisir ne serait pas au rendez-vous"

Dom Cado

 

Une Ronde des Douaniers mi-figue, mi-déraisonnable.

Vous ne connaissez-pas l’Ultra-Marin ? Un raid fait pour les personnes qui n’aiment pas le dénivelé comme le dit son créateur Bernard Landrein ? Cette année c’est la douzième édition et il y en a pour tous les goûts : du 177km sur les sentiers côtiers du golfe du Morbihan, une des plus belles baies du monde, en passant par le 87, le 56, le 36 km, sans oublier la marche nordique et le « grand » par équipe mixte de quatre coureurs.

          Après trois tentatives sur le 177 où à chaque fois un arrêt intelligent a été préférable à un abandon dévastateur quelques kilomètres plus loin. Deux participations réussies sur le 86 km et deux autres aux goûts amers sur le 56 km ont conclu mes connaissances des chemins côtiers de la région Vannetaise.

Cette année mon dossard à la couleur de La Ronde des Douaniers, en accompagnateur de Fabienne à la recherche d’un quatre heures sur ce trente-six kilomètres. Un objectif proche de son potentiel actuel, ce qui sous-entend une marge d’erreur de +7, -7 minutes. L’humilité va être le compagnon de la première partie du parcours, sans s’occuper des courants d’air provoqués par les pressés du départ.

 

Rendez-vous sur la place de Séné devant l’école. Les 1500 participants arrivent peu à peu. Gilles speaker réputé, fait monter la pression en nous régalant de ses connaissances et anecdotes sur le monde de la course à pied. Il est encore temps d’échanger quelques mots avec des têtes connus et d’utiliser les téléphones portables pour la photo souvenir. 

 

Fabienne arrive, elle semble zen, mais à l’intérieur cela doit bouillir ….. Un peu. Le départ approche Gilles l’animateur laisse la parole au directeur de course, dans un brouhaha de coureurs, pas très à l’écoute des dernières consignes.

 

Le départ est donné, je ressens au bout de quelques hectomètres des picotements au  talon d’Achille, reliquat d’une tendinite. La gêne n’est pas encore une douleur. Au cinquième kilomètre, les picotements disparaissent et se transforme en douleur supportable dans le mollet, comme une contracture, je suis (presque) rassuré.

Le rythme de neuf kilomètre/heure est respecté et un petit groupe se forme dans notre dos, avec des personnes satisfaites de l’allure. Fabienne a trouvé la sienne, mes conseils ne lui sont plus nécessaires.

 

Proche du premier ravitaillement, une douleur exquise, comme l’appelle le corps médical, me prend le mollet, je m’arrête instantanément. La contracture, n’en est plus une, elle a dépassé le stade de l’élongation et c’est transformé en déchirure, mais je ne le sais pas encore.  Je repars, cela « chatouille durement». Au ravitaillement de Séné Fabienne est là. Elle m’attend. Mais c’est sa course, elle perd son meneur d’allure, aucune importance, elle n’en n’a plus besoin.

 

Le service médical me pose un strap  entre la cheville et le mollet. Je repars quinze minutes plus tard, douloureusement. Les premiers cinq cent mètres sont compliqués. Je m’occupe l’esprit à essayer d’évaluer le temps et la distance nécessaire pour rattraper Fabienne, mais je n’ai jamais été très doué à calculer l’heure à laquelle deux trains se rencontrent ou le temps que mettent des baignoires à se vider. Cela permet au moins aux kilomètres de défiler.

 

Toujours pas de Fabienne en vue au deuxième ravitaillement de Port-Anna. Juste un arrêt pour me laver le visage, les bras et les jambes comme dans un stand de formule1 et je repars. Le mollet devient très très douloureux, et marcher m’empêcherait de repartir.

 

En surveillant le chronomètre, dans une opération, un calcul à la hauteur de mes compétences arithmétiques, je me rends compte que le quatre heures redevient possible et je trouve la solution à mon problème : je ne reverrai plus Fabienne qui finira en 3h 54’.

 

Je  commence à payer les quinze derniers kilomètres à 11km/h et comme je sais que Fabienne réussira son pari, je m’installe sur le porte bagage de Mylène et Vincent, rencontre du jour pour terminer les 9km restants. Merci à eux de leurs encouragements.

La douleur devient insupportable. L’arrivée est proche, je connais tous ces chemins, parcouru tout au long de l’année. Je connais la distance restante sur le bout des ongles, le port est en vue. Un échange de transpiration avec ma femme avant la ligne d’arrivée franchie en 4h 02’.

L’état de mon mollet, d’un bleu violet quelques heures plus tard confirme une déchirure musculaire. C’est la première fois où je vais plus loin  que le raisonnable. Ne serais-je plus hypocondriaque ?

 

"Ne pas être bon en calcul mental, a été un avantage …..

Si je l’avais été, je me serais arrêté …..

Mais ce n’est que mon avis ….."