N’est-t-on pas mieux servi que part soi-même ? J’en suis persuadé. Cependant oublier ceux qui vont participé à la réussite du livre, indispensable à tous les amoureux de la course à pied, serait une omission impardonnable de la part d’hommes de partage comme nous pouvons...
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Mon premier Marathon

 

 

" Il y a toujours une première fois,

avant que cela devienne une habitude"

  

Mon premier Marathon

Mathilde. 


 

  

29 Mai 2016.  Nous venons de parcourir les 42,195 kms du Marathon du Mont Saint-Michel,  pour certains en solo et pour d'autres en duo, comme ce fut mon cas. Et sur la route du retour nous envisageons déjà les prochaines courses.

 

Michel, le parrain de mon fils Antoine, Luxembourgeois, nous parle du Marathon de son pays, qui se déroule le dernier week-end du mois de mai, le samedi soir en semi nocturne. L'idée germe doucement mais le Luxembourg semble loin pour un week-end. La date officielle tombe rapidement. Il se déroulera le week-end de l'ascension. L’occasion de faire le déplacement sur quatre jours et d’en profiter pour faire découvrir le pays aux amis de l'Asptt. 

 

Septembre 2016. Ouverture des inscriptions... J'hésite encore. Je ne suis pas une adepte des courses sur route. La distance me paraît abordable, seulement quatre kilomètres de plus que le relais de l’Ultra-Marin. Quand j'y repense, il y a trois ans je disais : "Je ne ferai jamais plus de 10kms!". Depuis, j'ai banni le mot "jamais" en ce qui concerne la course à pied et dans bien d'autres domaines de ma vie également.

 

La date du premier changement de tarif approche,  il est temps d’agir. Je me décide et je propose au bureau de la section course à pied de l’Asptt, d'organiser le déplacement pour celles et ceux qui voudront bien m'accompagner. Après validation tout s'enchaîne... Inscriptions, réservations, organisation.  Nous serons neuf à prendre le départ : Alba, Françoise et Roland sur le semi ainsi que Christiane, Hervé, Daniel, les Christophe et moi sur le Marathon... 

 

 

Mars 2017. Une blessure lors du Trail du Cap Sizun, remet en cause ma participation au Marathon. Les rendez-vous chez l’ostéo et le kiné, occuperont  mes pauses-déjeuner, une partie de mes soirées par des massages à l'huile d'arnica mélangée aux huiles essentielles de Gaulthérie et par des séances de "Compex", sans oublier des exercices de renforcement musculaire. Le tout pour mettre toutes les chances de mon côté, pour me débarrasser de ce syndrome tendineux de l'essuie-glace. 

 

En parallèle je reprends la course tranquillement. Néanmoins impossible de commencer le plan d'entraînement prévu. J'évite de me mettre la pression,  ce Marathon n'est qu'une étape dans ma préparation des 56 kms de l’Ultra-Marin. Elle devient, par obligation, une préparation aux sensations. Peu de fractionné, long ou court. Par contre j'augmente les distances petit à petit et j'intègre de la marche rapide dans mes entraînements. L'objectif est de pouvoir parcourir mes premiers 42,195 kms sans m’occuper du chronomètre.

 

Les périodes de doutes sont nombreuses, les avis des uns et des autres me rassurent ou au contraire me confortent dans mes doutes. Néanmoins j'arrive à reprendre confiance, le genou se faisant oublier de plus en plus.

 

Au fil des semaines Christophe,  Daniel et moi partageons nos entraînements et nos impressions et inquiétudes sur le Marathon qui nous attend. C'est rassurant de voir que nous avons les mêmes craintes et une certaine excitation à l'approche de l’échéance. Christiane me confie qu'elle prépare également les 56 kms du Raid du Golfe, je pourrai donc l’accompagner.

 

 

A trois semaines du Marathon je tente une sortie longue de 25 kms de nuit en compagnie de quelques amis de la section course à pied de l’Asptt.  On marche,  on court,  les sensations sont bonnes, plus aucune douleur.  La semaine suivante j’enchaine avec le Trail du Lac à Ploërmel, 27 kms de plaisir.

 

 

24 Mai 2017. C'est le grand départ,  nous prenons la route du Luxembourg. Une nuit à rouler, entrecoupée de pauses thé, de café et de bons gâteaux.

     

 

Michel et Elodie nous réservent un très bel accueil, le temps est magnifique.  Nous consacrons la journée du jeudi, après une petite sieste à la découverte de la campagne Luxembourgeoise et notamment de la "Petite Suisse". Splendide. Le vendredi le rituel des dossards suivi d’une visite de Luxembourg ville avec quelques repérages du parcours qui nous attend. Ça monte, ça descend pas très rassurant.


 

 

Nous dînons dans un très bon restaurant italien : pâtes pour les uns, risotto pour les autres et dessert gratuit pour tous, en partageant, une fois de plus, nos "trucs" et "astuces". Ce sont des échanges sympathiques ponctués de questions, d’étonnements, de taquineries et de rires. Arrive l'heure d'aller se coucher pour une dernière bonne nuit de sommeil. Il faut être en forme demain.

 

 

Samedi 27. C'est le jour J. Chacun prépare ses petites affaires : ceinture, sac d'hydratation, boissons, collations, mise en place de dossard,  "Mais quel tee-shirt vais-je mettre ?". Il fait très chaud, certains d’entre-nous porterons les couleurs de l’Asptt, quand d'autres choisiront le confort d'un débardeur moins chaud. Un mélange d'odeur de crème et d'huiles essentielles se fait sentir, les bandes "taping" colorent les jambes. Les miennes sont bleues assorties au tee-shirt, une façon d’avoir une petite pensée pour une amie qui a toujours le souci du détail lorsqu'il s'agit d'assortir ses tenues de course à pied. Un bon déjeuner préparé par Elodie et Hervé, un dessert "léger", café/thé et gâteau breton cuisiné par Christiane, avant une dernière sieste ….. 


 

Tout le monde a l'air détendu, moi y compris, ce qui est étonnant. L'avantage d'un départ de course le soir, évite la précipitation du matin qui peut engendrer du stress.

16h30. Il est temps de partir. Une petite photo devant le minibus du club. On s'entasse à l’intérieur, où règne une chaleur insupportable. Michel prend le volant, grâce à ses relations, il nous a trouvé une place de parking VIP à 300m du départ.

 

17h30. Nous retrouvons Alba, ravie de nous voir enfin arriver. Sur le chemin nous récupérons, chapeaux, tambourins, tutus et bandeaux distribués par l'organisation. L'ambiance est déjà festive. Nous nous hydratons, mangeons du gâteau sport, faisons une pause "pipi", puis déposons nos sacs à la consigne. On s'installe dans une salle à l'écart de la foule, il fait chaud mais moins qu’en plein soleil. On continue à boire, re-pause "pipi" ….. AU SECOURS …..  La file devant les toilettes s'allonge, plus le temps d'attendre au risque de rater le départ.

 

 

18h45. L'heure de se mettre en place, j'ai lu le matin, qu'au risque d’être disqualifié on ne peut pas changer de sas de départ. Je vois Christiane partir dans le sien, nous ne courrons finalement pas ensemble..., Alba, Daniel, Christophe D. et moi prenons place à la fin du sas E pour rester proche de Christophe R. qui se met au début du F. Françoise et Rolland nous ont quittés pour essayer de négocier un changement de sas, nous ne les reverrons pas avant la fin de la course. Michel et Hervé sont loin devant, on ne joue pas dans la même cours ! 


 

 

19h. Le départ est donné, nous voyons les premiers passer sur la butte loin devant nous. Cela avance doucement. C'EST PARTI, je m’élance pour mes premiers 42,195 kms sous 32° de température. J'ai toujours une terrible envie d'aller aux toilettes, je m'arrête au bout d'un kilomètre. Je repars seule, mais il y a tellement de coureurs et de spectateurs que je ne me sens pas isolée bien longtemps.


 

 

Avec cette chaleur je ne regrette pas d'avoir pris mon camelback malgré les ravitaillements tous les 2,5 kms, je crains la déshydratation, j’y suis sensible et les maux de tête peuvent très vite arriver. J'alterne entre de l'eau et de la boisson énergisante, je découvre aussi des petites barres de céréales enrobées de chocolat blanc, un vrai délice! (Je n'ai pas perdu ma gourmandise légendaire).

 

Le Luxembourg n’est pas un plat pays, cela monte et cela descend en permanence. C'est quoi ce Marathon !  Les dossards "21km" et "Team Run" ne cessent de me doubler, surtout ne pas se laisser aller à l'envie de les suivre. J'essaye de tenir un rythme entre 6'30 et 7' au km, ma montre n'est pas très précise et avec ce monde il est difficile de rester régulière. Je trouve enfin mon rythme vers le cinquième kilomètre.

 

Des groupes de musique  donnent la pêche. Les habitants ont sorti les jets d'eau et improvisé des douches. Ils sont nombreux à prendre l'apéro/dîner dehors sur les trottoirs à nous encourager. Je suis portée par cette ambiance festive. Quelques fois j'entends mon prénom inscrit sur mon dossard, cela motive. Les kilomètres défilent : dixième kilomètre : 1h10 tout va bien, en pénétrant dans le cœur historique de la ville. Je reconnais des endroits parcourus la veille. Bientôt le parc où ma sœur, Elodie et les enfants sont présents pour nous encourager. Je crains de ne pas les voir, je ralentis mon rythme, et BONHEUR, j'aperçois mon fils, je me fais entendre pour qu'il me voit. Je fais un bisou à tout le monde. Ils m'encouragent tous avec des "Allez Maman! Allez Mathilde!" ça donne du courage.


 

Entre le 14ème et 15ème km le parcours se sépare en deux et il me semble entendre : "Team Run" à droite, je m'engage donc à gauche pour me rendre compte au bout de quelques mètres seulement (ouf!!!) que je suis entourée que de dossards "21 km". Je me suis trompée (le boulet). Demi-tour. Le "Team Run" et le Marathon doivent prendre la même direction.  D'un seul coup il y a beaucoup moins de coureurs, c'est agréable je "respire" et je me sens moins embarquée par la vitesse des autres participants.

Plus de barres de céréales aux ravitaillements, les oranges et bananes ne me font pas envie, je prends une pâte de fruits dans mon sac. J'ai peur de la fringale, je mange avant d'avoir faim, surtout qu’un mal de tête s'installe. Il faut  que je boive d'avantage. 

 

Entre le 17 et 18ème km je retrouve "Christophe". qui me dit qu'il ne se sent pas bien, rien ne passe, ni boisson, ni alimentation, il a des douleurs au ventre. Je suis partagée entre l'envie de continuer sur ma lancée et celle de rester avec lui. A sa place j'aimerai qu'on me soutienne, j’aimerai que l'on m'emmène jusqu'à la ligne d'arrivée. Ce Marathon n'est pas mon objectif principal. Je dois le courir en "mode entrainement", Christophe me donne l’occasion de rester raisonnable. Je décide de me mettre à son rythme et de parcourir les vingt-quatre derniers  kilomètres avec lui. Pas facile de ralentir. Je l'encourage, on court, on s'arrête aux différents ravitaillements, on cherche des toilettes, à force de boire moi aussi j'ai besoin de faire une pause.


 

 

20ème km 2h30. Christophe perd confiance, il pense à l'abandon, je le rassure et le motive comme je peux : parler de choses et d'autres pour lui changer les idées et me  taire aussi, je ne sais pas ce qu'il a envie d'entendre. On marche dans les côtes, je le sens sans énergie, ça me fait de la peine de le voir comme ça. Mes pieds commencent à me faire souffrir, mais je n'ose pas me plaindre. 

Il me dit qu'il a envie d'un coca... malheureusement il n'y en a pas sur les ravitos, pourtant je me souviens qu’il devrait y en avoir à partir d'un certain moment mais impossible de me souvenir quand. J'ai de la monnaie dans mon sac, je scrute les alentours, on passe deux stations-service.  Fermées, forcément vu que le marathon passe par là il n'y a pas de voiture qui pourrait s'y arrêter. Christophe demande à des supporteurs s'ils ont du coca, la réponse est négative... Peu de temps après se présente une brasserie, je propose de lui en payer un (c'est assez comique comme situation quand on y pense), en l'attendant je mange des Tucs et des noix de cajou, un peu de salé ça fait du bien.

 


25ème km. En ce qui me concerne tout va bien, les cuisses et les pieds qui chauffent mais rien d'anormal, par contre je trouve que les kilomètres ne passent pas vite. Christophe retrouve des couleurs et même le sourire. L'abandon est derrière lui, on ira jusqu'au bout. Je m'arrête à plusieurs reprises pour faire des pauses "pipi" en le laissant avancer, je le rattrape, ça me fait du bien de me dégourdir les jambes.

 

30ème km. Une descente fait mal aux cuisses c'est terrible. Elle est longue, je n'en vois pas le bout. Mais est-ce la descente ou le fameux "mur"? Heureusement, une fois sur le plat ça va mieux. Ne rater aucun ravitaillement, le coca a enfin fait son apparition et les barres de céréales sont de retour. Le bilan calorique sera sûrement nul pour moi à l'arrivée.

 

On remonte vers le centre-ville, c'est la fiesta sur la grande place, on traverse des nuages de fumée suspecte. Quelques temps plus tard Alba est là, avec son sourire, son accent et son énergie débordante, elle nous accompagne sur quelques mètres, nous raconte des histoires et nous encourage pour les derniers kilomètres difficiles. En ville les supporteurs sont présents et très joyeux, ils n'ont sûrement pas bu la même chose que nous.

 

On ressort de la ville, les supporteurs se font de plus en plus rares, il y a encore quelques DJ qui font de la musique sur le parcours. Les coureurs se font rares également, ça recommence à monter, nous en croisons la médaille au cou, nous aussi on l'aura bientôt.  Les sept derniers kilomètres me paraissent interminables. Je me sens pourtant bien et me surprend à marcher aux côtés de Christophe qui court. Le rythme est trop lent, mais hors de question de le lâcher si près du but. On passe la flamme rouge, le rythme s'accélère un peu et nous terminons cette belle course main dans la main sous les encouragements de Françoise et Roland.

 

 

On me remet ma médaille, elle est belle, je suis fière de moi, fière d'avoir parcourue ces mythiques 42,195 kms pour la première fois, d'avoir partagé ce moment avec Christophe qui a lui aussi bien mérité cette médaille. Beau moment de partage et d'entraide. Daniel, Christophe D. Hervé et Michel nous accueillent. Christiane arrivera peu de temps après nous. Le sourire est sur tous les visages. Après avoir rendu nos puces nous rentrons à la maison boire le champagne mis au frais.


 


Avant de quitter Vannes, je n’aurais pas su dire s’il y aurait un deuxième Marathon après celui du Luxembourg. Quelques heures après avoir franchie la ligne d'arrivée, je peux dire presque avec certitude : "J’en referai au moins un".

 

Il est quatre heure, la nuit va être courte, demain il faut rentrer en Bretagne. Ce week-end restera inoubliable. Félicitations à tous pour avoir franchi la ligne d'arrivée de ce parcours exigeant sous une forte chaleur. Merci à tous d'avoir permis la réussite de ce week-end. Merci pour vos encouragements et vos félicitations. Et un merci tout spécial à Christophe de m'avoir supporté pendant 24 kms, grâce à lui je n'ai pas puisé dans mes réserves pour mon prochain objectif.