Retour à la tente, on s’embrasse tous, on a tous notre médaille de finisher, mais c’est étrange, il n’y a pas d’explosion de joie particulière, en fait on a du mal à réaliser que c’est fini... On est sous la tente mais plus besoin de se reposer pour le lendemain... On est un peu perdus, plus rien à préparer... la fin est brutale forcément mais c’est une belle fin.
Nous irons tous le soir accueillir les 2 dernières concurrentes du MDS, elles franchiront la ligne sous les hourras et les bravos, comme tous les derniers chaque soir, c’est cela aussi l’esprit MDS.
Puis ce sera la soirée podium et film, et en cadeau un Orangina qui équivaut à ce moment-là à une coupe de champagne !!
Dernière nuit, je regarde encore le ciel, demain retour à la civilisation, je me rappelle mon arrivée la semaine dernière, je n’ai rien vu passer... j’ai du mal à m’endormir, à me dire que le MDS est fini.
J6 : ETAPE SOLIDARITÉ : 7,7KM
Réveil par le bruit des klaxons des 4X4, tous les bénévoles et organisation tournent autour du bivouac en nous disant au revoir, très émouvant, nous sommes tous dehors et faisons des grands gestes
Je n’ai pas parlé des bénévoles mais ils sont tous formidables, ils sont là que pour que l’on réussisse, tout au long du parcours ce ne sont que des sourires et des encouragements et tous les soirs ils passent discuter dans les tentes, nous féliciter et nous encourager encore et encore. Leurs discours nous porte à chaque CP, ce n’est que du positif.
Un grand coup de chapeau pour eux !
Dernier petit déj lyophilisé et nous rangeons nos sacs pour a dernière fois.
Nous avons tous un maillot jaune et Fabrice viendra pour la dernière fois prendre la pose avec le drapeau du club. Le bonheur se lit sur tous les visages, tout le monde est heureux, nous prenons nos bouteilles d’eau vides afin de récupérer du sable et nous nous dirigeons pour la dernière fois vers l’arche de départ mais cette fois ci sans aucun stress. Bauer est là, il nous félicite tous et nous invite pour l’année prochaine, musique et Joël m’entraine dans un rock sur la ligne de départ, génial !
Et voilà dernière étape que nous ferons en marchant tous ensemble, et qui nous paraitra extrêmement longue, le cerveau a lâché, nous ne sommes plus dans la compétition, mon pied gauche est en feu et chaque pas me brûle, 7 km de dunes, un peu l’enfer, j’avoue que j’ai vraiment hâte de finir.
Nous remplissions nos bouteilles de sable, prenons des photos, l’ambiance est là mais nous souffrons tous !
Et enfin la dernière arche est en vue, ça y est cette fois c’est le final. Nous franchissons tous ensemble la ligne, nous regroupons pour la photo, coucou à la caméra et direction la photo avec la médaille !
Cette fois le MDS 2017 est vraiment terminé !
Les cars nous attendent pour le retour sur Ouarzazate, 6h de trajet... le choc est brutal.
Nous montons dans le car et c’est la 1ère fois depuis une semaine que nous nous asseyons ailleurs que parterre. On nous distribue une lingette fraiche et parfumée et tout le monde s’extasie, comme quoi juste une semaine de privation de tout et une simple lingette devient un cadeau magnifique.
Le voyage sera long, nous avons le droit à un déjeuner, ce sera le même sentiment que pour la lingette, retrouver l’alimentation solide... un vrai bonheur.
Les sourires sont sur tous les visages, nous parlons encore et encore de cette folle semaine puis la fatigue s’installe et la fin du voyage sera beaucoup plus calme.
Nous retrouvons nos valises, nous installons dans les chambres, et le 1er regard dans le miroir me montre les effets d’une semaine dans le désert et enfin le moment tant attendu arrive… la douche ! mon Dieu jamais je n’aurai apprécié autant une douche... en fait il en faudra 3 pour débarrasser la peau du sable et de la poussière et ce sera pareil pour les shampoings... se sentir propre et sentir bon est un vrai délice !
Et puis remettre des affaires propres est aussi un véritable bonheur... puis nous partons manger et là nous croisons à nouveau des compagnons de route mais le fait de ne plus être en tenue ni dans le désert, c’est comme s’il les barrières de la vie étaient revenues, les portables on refait surface, la magie du désert a disparu, retour au monde civilisé, plus froid et plus distant. Nous retrouvons avec délice une nourriture variée et un peu d’alcool car on se doit de fêter notre victoire...
Puis retour dans la chambre et je n’oublierai pas non plus cet instant délicieux de retrouver un lit, sentir des draps, poser sa tête sur un vrai oreiller, en fait tout ce qui nous a manqué devient un moment de satisfaction intense lorsqu’on le retrouve. On se rend compte à quel point c’est important quand on ne l’a plus...
Je n’arrive pas à dormir, je suis encore dans le désert, toutes les émotions surgissent, les larmes coulent toutes seules sans raison, sans doute un lâcher prise après toute cette énergie dépensée.
Le dimanche sera consacré au retrait de notre tee-shirt finisher (superbe), et aux emplettes, nous sommes heureux d’être tous ensemble, nous nous prenons régulièrement dans les bras et l’émotion est toujours présente, nous appréhendons déjà la séparation. Soirée souvenir autour d’un verre, nous traînons tard pour retarder le départ prévu demain. Nous n’avons pas envie de nous quitter.
Lundi matin, l’avion est à 9h30 et sur le tarmac, Patrick Bauer embrasse un par un les finishers du MDS, quelle présence, jusqu’au bout, il est formidable. La photo est faite.
3 Heures d’avion où nous dormons et puis arrivée… sous un petit crachin en France.
Les adieux sont très difficiles, les larmes coulent à flot, nous nous étreignons encore et encore une dernière fois, nous savons tous que nous avons vécu une aventure extraordinaire et qu’elle restera à jamais gravée dans nos mémoires, puis chacun reprend sa route, sa vie.
Il me tarde maintenant de retrouver mes enfants, ma famille et tous mes amis. Je passe le voyage du train à relire tous leurs mails, je suis extrêmement émue mais je veux absolument pouvoir retenir mes larmes en les retrouvant. Le voyage me paraît interminable et enfin la gare de Vannes est annoncée et je les vois tous sur le quai, mon Dieu il y a beaucoup de monde, le drapeau du club et même une banderole, ils m’ont fait un retour digne d’une star…et voilà je suis sur le quai, les bras levés, je les regarde tous et je crois vivre un rêve encore, je tombe dans les bras de mes enfants en premier et je vais tous les embrasser un par un, ils m’ont réservé un retour grandiose, ils sont tous venus pour moi, quelle joie de les revoir et une fois encore je suis touchée en plein cœur, quelle ferveur incroyable !!
A ce moment-là il n’y a que du bonheur sur le quai de cette gare et il me semble que le temps s’est arrêté un instant.
Je suis tellement remplie de bonheur que j’ai envie de leur en donner. Mon discours sera empreint d’émotions, je veux juste leur dire que chacun a participé à ma victoire, qu’ils ont toujours été là avec moi, que leur soutien a été indéfectible et m’a donné une force incroyable et que le fait qu’ils soient fiers de moi me remplit de joie, je les aime.
EPILOGUE
Alors voilà j’ai réalisé mon rêve j’ai fait le MDS et 4 mois après quand j’y repense, je suis toujours aussi heureuse et émue.
Bien sûr il faut certainement un grain de folie pour oser tenter cette aventure mais ce que vous recevez du désert n’a pas de prix, solidarité, partage, dépassement de soi, volonté, courage, amitié, la liste est longue des valeurs que l’on rapporte du MDS.
Une partie de moi est à jamais dans ce désert. Ce que j’ai vécu là-bas est une aventure extraordinaire humaine et physique mais c’est aussi une aventure intérieure dont vous ressortez grandie humainement et intérieurement changée, avec l’envie de partager tout ce bonheur, et de ne jamais oublier tout ce que vous avez reçu.
J’ai une énorme pensée et je veux bien sûr remercier tous ceux qui aujourd’hui et depuis des années m’ont soutenue, ont cru en moi, m’ont aidée, m’ont portée car seule je n’y serai pas arrivée.
Je sais qu’ils se reconnaitront et je leur redis encore une fois « mille mercis pour tout ce que vous avez fait pour moi et d’avoir été avec moi jusqu’au bout ».
Et pour en terminer, j’aime répéter cette phrase de Killian Jornet dont j’ai fait ma devise :
"Si tu n’essaies pas, si tes rêves restent des rêves, alors tu ne sauras jamais qui tu es vraiment "
Il a raison, il faut vivre ces rêves, alors quels que soit vos rêves, grands ou petits, n’hésitez plus, osez, croyez en vous, courez, foncez, allez vivre votre rêve, vivez tout court…le bonheur est là, à portée de main ou des baskets...
Et comme dirait l’auteur de ce site : "Après ! Ce n’est que mon avis ….."
Murielle, Déesse des Sables.