N’est-t-on pas mieux servi que part soi-même ? J’en suis persuadé. Cependant oublier ceux qui vont participé à la réussite du livre, indispensable à tous les amoureux de la course à pied, serait une omission impardonnable de la part d’hommes de partage comme nous pouvons...
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Anne-Marie Boterf et son Ultra-Marin 2019

 

"Sur un ultra-trail partir doucement,

c'est déjà partir trop vite"
Rémi Badoc

 


 

 

 

Mon premier ultra :

L'ultra-Marin du Golfe du Morbihan.

Par Anne-Marie Boterf

 

     

 


Après avoir couru le 36 kms, le 56 et deux fois le 87 de l'Ultra-Marin, il ne me reste plus que le 177 kms et rien de mieux que de le faire l'année de mes 50 ans. Inscription faite, il n'y a plus qu'à ! Une bonne préparation sous la houlette de Karine Pasquier et hop ! Me voilà prête pour cette belle et grande aventure. Enfin ! Avec beaucoup de peur et d'appréhension sans oublier au début toutes les questions je me pose.  

 

Départ 17h de Rieux avec ma belle-sœur Josiane, mon taxi attitré à chaque épreuve de l'Ultra-Marin. On ne change pas une équipe qui gagne. Une arrivée compliquée sur le port de Vannes avec les bouchons mais au moins pas le temps de se poser trop de questions (merci à Frédéric Guyot venu spécialement me souhaiter bonne chance au départ). Merci également à Gilles Menay speaker officiel pour avoir cité mon nom parmi les filles pouvant réaliser un bon ultra et quand il y a dans cette liste Nathalie Mauclair, championne du monde de Trail 2013 et 2015 et Stéphanie Gicquel vainqueur en 2018. Je suis en bonne compagnie.

 

Je me place au milieu du groupe des participants. Je sais que la route va être longue ; partir doucement en suivant le conseil de Rémi Badoc en me répétant sa phrase : "Sur un ultra-trail partir lentement c'est déjà partir trop vite".


 

19h début de l'aventure et quelle aventure !  Je me rappelle les conseils donnés par Karine et je décide de courir doucement jusqu'au premier ravitaillement d'Arradon en m'hydratant au maximum. Très vite j'applique ce que je faisais pendant ma préparation : 30' de course suivi de 5' de marche ou 20' de course suivi de10' de marche, selon l'état de forme et pour casser la monotonie. Mes supporters sont là pour m'encourager. Je suis bien dans ma tête et mon corps répond présent ..... Pour l'instant.

 

Je ne me préoccupe en aucun cas de ma montre, de ma vitesse, de mon temps. Je suis décidée à faire une belle ballade et profiter au maximum de toute cette effervescence autour de moi. J'ai la chance d'être bien entourée. Ils sont présents à chaque point d'assistance autorisée pour me masser, m'encourager, surveiller si je mange bien et répondre à mes demandes. Ils ne m'ont pas quitté en se relayant (une équipe de nuit et une équipe de jour).

Les kilomètres défilent. Tout semble aller, à part ma cheville gauche, éternel problème, qui a failli me faire une jolie petite farce en tournant vers le kilomètre 40 mais qui finalement a décidé au fil du temps de rester sage. Ouf ! Ouf ! Et reouf !

 

Je file vers l'objectif que je me suis mise en tête prendre le bateau dans les temps prévus où m'attendent Claude et Simon. Mais rien n'est simple. Ma lampe frontale me lâche 5 ou 6 kms avant l'embarcadère. Pas le choix que de s'arrêter et de la mettre à charger tout en prenant la foulée de Xavier, 1er V3 qui gentiment fût ma lumière jusqu'à Locmariaquer. Il me dira le lendemain que le fait d'avoir couru ensemble lui avait donné une belle motivation pour la suite. J'aime ce sport tellement riche en rencontre et quelle solidarité entre nous. Génial.

 

 


Heureuse et soulagée d'arriver à l'embarcadère de Locmariaquer pour prendre le bateau. Vingt-cinq minutes de repos avant d'arriver au levée du jour à Arzon sous un magnifique lever de soleil.


 

Encore 5 kms de course jusqu'au stade Yves Chapron situé environ à mi-parcours des 177 kilomètres. Je décide de prendre mon temps. Le temps de manger, un peu, tout en me forçant sous le regard de mes accompagnateurs, n'est-ce pas Yann Renou ? De me doucher sous les ordres de Christophe : je devais sentir mauvais. De me faire masser les jambes et les pieds. Que du bonheur.

               

 

Une heure de "perdue" ? Non. Sur un ultra ce serait plutôt du temps de gagner. Je me sens bien et l'objectif est de finir peu importe le chronomètre.

Je repars pour une nouvelle course. Bien dans ma tête et bien dans mon corps, toujours sur la même stratégie course-marche pour atteindre l'objectif suivant Sarzeau

 

La chaleur refait son apparition, compliquant un peu la course. L'arrivée à Sarzeau est la bienvenue. Le temps de se restaurer de se faire masser par son grand garçon. En quittant Sarzeau, les températures ont baissées et le ciel s'est couvert. Bonne nouvelle, ce qui me permet de relancer la machine me souvenant de l'année dernière, sur le 87 kms, où j'avais souffert sur cette partie de chemin.  Quelle revanche. Je suis bien et plus je pense à l'année dernière plus je sais que ce 177 kms je vais le terminer.


 

 

Séné, nouvel arrêt, nouveau massage. Le bonheur de voir mon équipe toujours là et qui s'étoffe de plus en plus. Une "ola" m'accompagne à la sortie de la salle. Une chanson, sur l'air des Champs-Elysées, avec des paroles improvisées à mon intention (je l'ai chanté toute la semaine). Je ne peux que FINIR.


 

Pourtant ce final je le redoute, il sera long, la marche commençant à gagner du terrain sur la course et la douleur au mollet gauche ressentie dès Le Hézo s'amplifie. Je serre les dents. Je pense à tous les messages reçus, à ma famille présente, à mes amis, à mon papa qui du haut du ciel m'accompagne à chaque course. Je leur dois de terminer cet Ultra-Marin, mon premier ultra.

Ils sont présents à chaque virage, ils chantent, ils sont heureux, ils m'encouragent. Que d'émotions. Plus que 2 kms et malgré la douleur au mollet, je trouve le courage ou plutôt mon équipe me donne le courage de finir avec la plus grande énergie ce raid. L'arrivée sur le port de Vannes est grandiose. J'accomplis mon rêve : finir un ultra. Mon premier ultra pour mes 50 ans entourée de ceux que j'aime.


 

 

UN GRAND MERCI à vous tous, la famille et les amis qui m'avez accompagnée sur les chemins du Golfe du Morbihan. Je ne peux pas vous citez tous, mais vous êtes dans mon cœur.

 

Mention spéciale à Yann Renou et Christophe Bourdin qui ont été les meneurs de ce groupe. Merci au DJHélèna Boterf et au spécialiste de la Go Pro Jacky Boterf. Merci aux trois hommes de ma vie qui ont été exceptionnels : Claude Boterf, Thomas Boterf et Simon. Merci à mon coach Karine Pasquier, tu as été un super coach et j'espère que j'ai été une bonne élève.

 

Je ne peux terminer ce récit que par le message reçu le matin de la course par mes deux garçons : "C'est le jour-J ! ALLEZ MAMAN ! Nous croyons en toi, et tu vas le faire ! Et dis-toi que ton moral d'acier va te mener vers la réussite ! Ne lâches rien, même dans les moments compliqués. Et dis-toi, que tout un stade (avec l'ensemble de tes connaissances, on pourrait remplir le stade de France) est derrière toi et t'emmène au bout de tes rêves.  Avec une motivation comme la tienne, tu ne peux que réussir ! Tu vas avaler les kms, et nous pourrons que te féliciter après ! Allez BON COURAGE et on se voit sur le circuit. Tes admirateurs : SIMON et THOMAS"

 

                                                                       Anne-Marie

58ème au scratch sur 837 arrivants dans un temps de  25h 02' 52"  2ème V2