Kilomètre ..... Chronomètre ?

Dessin de Sébastien Lamart : http://sebastien-lamart.blogspot.fr/

"Avec un peu de psychologie, quelques clous et un marteau, on arrive sur le long terme, à faire pénétrer dans la tête des rétifs et des ânes bâtés* quelques idées."

Dom Cado.

*Âne bâté : nom dont j’ai été affublé par mon cardiologue préféré à la voix inimitable, les jours où les clous n'étaient pas suffisants.  

Kilométrage parcouru ou temps passé ?

Vous pouvez très bien vieillir, quand vous prenez de l’âge les runnings aux pieds, mais vous pouvez aussi vous lamentez de plus en plus fréquemment quand la dure réalité physiologique vous rattrape implacablement au fil des ans et que vous ne l’acceptez pas. Combien de runners déposent les armes arrivés à un âge où il est encore possible de livrer quelques combats, parce qu’ils refusent d’accepter, quand les années passent que les performances trépassent sur des champs de bataille où de nombreuses paires de runnings ont laissé leur amorti.

Dessin réalisé par Lou, une concurente précoce pour Seb Lamart.

Pourtant l’acceptation est simple. A condition, quand la jeunesse du corps ne laisse pas encore apparaître les rides, que vous vous désintéressiez du kilométrage parcouru lors de vos sorties longues au profit du temps passé à la réaliser.

Reprenons. Techniquement, sportivement, lorsque la préparation d’une épreuve se profile à l’horizon et que vous déclinez les sorties longues sur le papier, vous les orthographiez pourtant en temps passé ? Alors pourquoi cette durée rédigée devient systématiquement un kilométrage parcouru dans votre imaginaire et dans votre langage parlé ?

Dessin réalisé par Lou, une concurente précoce pour Seb Lamart.

Cela ne change rien, pensez-vous ? Vous avez raison ….. tant que vous arriverez à superposer le kilométrage parcouru et les possibilités physiques. Le jour où la tendance s’inversera, et elle s’inversera, il sera beaucoup plus aisé d’avoir accepté, quand les artères étaient de la première jeunesse d’avoir couru en temps passé au lieu de glorifier le kilomètre parcouru, pour vous préparer à digérer. Plus tard. Plus vieux.

Mon expérience, au moins de mes soixante dix ans hors taxe, vous atteste que psychologiquement c’est beaucoup plus facile à vivre de dire : « Je vais courir deux heures » et relater au retour : « J’ai couru 2 heures ». Plutôt que, au fil des rides qui froncent le front inexorablement, confier : « Je vais courir 2 heures » et confesser au retour : « Je n’ai couru que 18 kilomètres ». Déçu.

Dessin réalisé par Lou, une concurente précoce pour Seb Lamart.

Le port d’œillères, accessoires du runner et des ânes bâtés n’arrangent pas la vision. Un test réalisé aux États-Unis conclut que si un coureur à 30 ans termine un 10km en 36’, il maintiendra un chrono de 38’ entre 40 et 50 ans. Après le déclin s’accélère, 44’ entre 50 et 60 ans, 53’ à 65 ans, etc ….. Je vous laisse le soin de faire le calcul pour des distances plus longues et ce n’est pas juste une règle de trois à soutenir.

Vous ne me croyez pas ? Alors, je vous abandonne à votre sort avec quelques petits bouts de scotch pour fixer la feuille A4 énumérant toutes les séances de votre prochain Marathon sur la porte du réfrigérateur à la vue de la famille, pour que chacun et chacune se prépare psychologiquement à vos absences régulières. Ce qui prouve bien que la psychologie, vous intéresse et qu’elle à un rôle à jouer dans votre façon d’appréhender et de conditionner votre entourage à votre addiction.

 "Après ! Ce n’est que mon avis !"